Carême 1871. La France vient de subir le désastre de Sedan. Napoléon II s'est effondré. La France est envahie par la Prusse. Paris a été bouleversé par la « Commune ». L'Assemblée Nationale, a forte majorité monarchiste, s'apprête a voter la république laïque et franc-maçonne.
Que de chemin parcouru depuis... et combien ce discours peut s'appliquer de façon brulante à l'état actuel de la France et de l'Église !
Aussi longtemps que la France a pu tenir le glaive, nous avons prié pour le triomphe de nos armes. La dure loi des circonstances nous commande aujourd'hui d'implorer du ciel ne paix nécessaire, et nous avons grand besoin de l'intervention toute-puissante de Dieu pour l'obtenir dans des conditions qui la rendent acceptable à note patriotisme. Rien n'est perdu si, comprenant la cause d'une ruine dont la soudaineté et l'étendue tiennent du prodige, nous avons hâte de recourir au principe efficace de la régénération. La France a reçu d'en haut une mission à laquelle elle ne peut se soustraire sans renoncer à sa propre existence: elle est condamnée à n'être rien si elle n'est pas la première des nations catholiques. Mais aussi, quelque profondes qu'aient été ses chutes, il ne tient qu'à elle d'être bientôt replacée à la tête du monde. Fille aînée de l'Eglise, le premier rang lui est promptement rendu dès qu'elle entre dans la voie que lui a tracée la main "qui dirige les nations sur la terre".
Pour qui connaît l'histoire de notre pays, l'abîme où nous sommes descendus n'est pas plus affreux que celui d'où la France du passé est remontée plus d'une fois. Il nous suffit hélas ! de prononcer le nom de notre cité pour rappeler un désastre non moins extrême que celui auquel nous assistons.
Après la bataille de Poitiers, on put craindre que la France fut fût asservie à jamais au sceptre de l'étranger. La déroute de Maupertuis avait cela de honteux, que notre armée était très-supérieure en nombre à l'armée ennemie. A part de glorieuses exceptions, parmi lesquelles il faut ranger le roi et une partie de sa noblesse, le courage fit défaut autant que l'habileté et la discipline. Jamais on n'avait vu les Français fuir devant un adversaire aussi faible, et montrer tant de pusillanimité après avoir étalé tant de jactance. La conséquence de cette défaite, que tous considèrent comme une juste punition de Dieu, ce fut la captivité du monarque, l'occupation d'une grande partie du royaume par les étrangers, le reste du territoire livré aux factions et ravagé par le brigandage, l'autorité souveraine méconnue par des assemblées de mutins, les princes engagés dans des compétitions et des intrigues, la capitale en proie à l'anarchie, la voix de la religion comme celle des lois dépourvue de vertu et de sanction, toutes les ressources du pays épuisées, toutes les forces de la nation tournées contre elle-même.
A la nouvelle de cette catastrophe, le chef de la chrétienté, Français par le coeur comme par la naissance, Français surtout par le sentiment de la solidarité qui unissait déjà depuis des siècles les destinées de l'Eglise aux destinées de la France, Innocent VI épancha sa douleur dans des lettres où sa sensibilité sur les maux de notre patrie paraît à découvert. Humainement, l'état des choses était désespéré. Mais Dieu veillait sur ce peuple qui, malgré ses infidélités et ses écarts, était toujours son peuple d'adoption, le premier-né de l'orthodoxie, le principal boulevard de la catholicité. A défaut des armes, qui s'étaient émoussées contre nos envahisseurs: un premier traité fut conclu sous les yeux de la vierge de Chartres. Quelques années après, un roi sage, Charles V, aidé d'un chevalier breton, Bertrand du Guesclin, avait réparé presque toutes les pertes de la patrie. Et quand de nouvelles fautes eurent ramené de nouveaux revers, une libératrice fut suscitée qui rendit la France à elle-même en la rendant à son roi: délivrance qui fut le point de départ d'une série de prospérités souvent interrompues, jusqu'au jour où la monarchie française, forte enfin de sa grande unité nationale, atteignit l'apogée de sa puissance et de sa gloire.
Ce n'est donc par la première fois, N.T.-C.F., que la fortune militaire de la France a pâli; et ces éclipses militaires n'ont servi qu'à la faire briller, après quelque temps, d'un plus vif éclat. Pour les peuples comme pour les particuliers, l'adversité est une école puissante et salutaire. L'essentiel est que nous rendions l'expiation profitable et féconde, en reconnaissant d'où partent les coups qui nous atteignent, et en soumettant humblement à Dieu nos intelligences comme nos volontés.
Que de chemin parcouru depuis... et combien ce discours peut s'appliquer de façon brulante à l'état actuel de la France et de l'Église !
I. La France est frappée par un juste châtiment
Aussi longtemps que la France a pu tenir le glaive, nous avons prié pour le triomphe de nos armes. La dure loi des circonstances nous commande aujourd'hui d'implorer du ciel ne paix nécessaire, et nous avons grand besoin de l'intervention toute-puissante de Dieu pour l'obtenir dans des conditions qui la rendent acceptable à note patriotisme. Rien n'est perdu si, comprenant la cause d'une ruine dont la soudaineté et l'étendue tiennent du prodige, nous avons hâte de recourir au principe efficace de la régénération. La France a reçu d'en haut une mission à laquelle elle ne peut se soustraire sans renoncer à sa propre existence: elle est condamnée à n'être rien si elle n'est pas la première des nations catholiques. Mais aussi, quelque profondes qu'aient été ses chutes, il ne tient qu'à elle d'être bientôt replacée à la tête du monde. Fille aînée de l'Eglise, le premier rang lui est promptement rendu dès qu'elle entre dans la voie que lui a tracée la main "qui dirige les nations sur la terre".
Pour qui connaît l'histoire de notre pays, l'abîme où nous sommes descendus n'est pas plus affreux que celui d'où la France du passé est remontée plus d'une fois. Il nous suffit hélas ! de prononcer le nom de notre cité pour rappeler un désastre non moins extrême que celui auquel nous assistons.
Après la bataille de Poitiers, on put craindre que la France fut fût asservie à jamais au sceptre de l'étranger. La déroute de Maupertuis avait cela de honteux, que notre armée était très-supérieure en nombre à l'armée ennemie. A part de glorieuses exceptions, parmi lesquelles il faut ranger le roi et une partie de sa noblesse, le courage fit défaut autant que l'habileté et la discipline. Jamais on n'avait vu les Français fuir devant un adversaire aussi faible, et montrer tant de pusillanimité après avoir étalé tant de jactance. La conséquence de cette défaite, que tous considèrent comme une juste punition de Dieu, ce fut la captivité du monarque, l'occupation d'une grande partie du royaume par les étrangers, le reste du territoire livré aux factions et ravagé par le brigandage, l'autorité souveraine méconnue par des assemblées de mutins, les princes engagés dans des compétitions et des intrigues, la capitale en proie à l'anarchie, la voix de la religion comme celle des lois dépourvue de vertu et de sanction, toutes les ressources du pays épuisées, toutes les forces de la nation tournées contre elle-même.
A la nouvelle de cette catastrophe, le chef de la chrétienté, Français par le coeur comme par la naissance, Français surtout par le sentiment de la solidarité qui unissait déjà depuis des siècles les destinées de l'Eglise aux destinées de la France, Innocent VI épancha sa douleur dans des lettres où sa sensibilité sur les maux de notre patrie paraît à découvert. Humainement, l'état des choses était désespéré. Mais Dieu veillait sur ce peuple qui, malgré ses infidélités et ses écarts, était toujours son peuple d'adoption, le premier-né de l'orthodoxie, le principal boulevard de la catholicité. A défaut des armes, qui s'étaient émoussées contre nos envahisseurs: un premier traité fut conclu sous les yeux de la vierge de Chartres. Quelques années après, un roi sage, Charles V, aidé d'un chevalier breton, Bertrand du Guesclin, avait réparé presque toutes les pertes de la patrie. Et quand de nouvelles fautes eurent ramené de nouveaux revers, une libératrice fut suscitée qui rendit la France à elle-même en la rendant à son roi: délivrance qui fut le point de départ d'une série de prospérités souvent interrompues, jusqu'au jour où la monarchie française, forte enfin de sa grande unité nationale, atteignit l'apogée de sa puissance et de sa gloire.
Ce n'est donc par la première fois, N.T.-C.F., que la fortune militaire de la France a pâli; et ces éclipses militaires n'ont servi qu'à la faire briller, après quelque temps, d'un plus vif éclat. Pour les peuples comme pour les particuliers, l'adversité est une école puissante et salutaire. L'essentiel est que nous rendions l'expiation profitable et féconde, en reconnaissant d'où partent les coups qui nous atteignent, et en soumettant humblement à Dieu nos intelligences comme nos volontés.