par tournicoti-tournicoton Ven 26 Oct - 19:28
I. Sur la posture sacerdotale :
Les plus anciennes peintures murales donnent à voir cette position, appelée de l'orant.
C'est un type dont vous verrez rapidement la richesse évocatrice : présente tant dans le Nouveau que l'Ancien Testament : la croix, Moïse, etc.
Cela nous dit qu'elle s'est donc conservée des premiers temps.
C'est une attitude différente du rit dominicain où le célébrant se tient les bras en croix.
Que signifie t elle ?
En 2000 ans vous l'imagines les commentaires se sont accumulés. On appelle cela mystagogie : et un soucis de systématisme rend nombre d'explications un peu foireuses.
Une des références : Durand de Mende, numérisé sur archive.org, je ne l'ai malheureusement pas consulté avant de rédiger.
L'explication la plus "neutre" consiste à dire que le célébrant prend cette attitude quand il parle au nom du peuple : lors de la collecte, de la préface, etc.
Considération surnuméraire :
Vous poser des questions sur le sens des attitudes et des objets dans le rit de Paul VI est absolument inutile : il n'y en a pas.
* Fondamentalement car ce rit a été créée au cours de la réécriture de tous les sacrements, toute l'année liturgique, toutes les prières diverses (bénédiction de cloches, du repas, etc)... en quelques année, de 1965 à 1968 ; le mieux qu'on puisse en dire est "bâclé", vous l'imaginez bien.
* Accidentellement car il n'est presque nulle part célébré comme il devrait, Solesmes, la communauté saint martin et quelques prêtres imposant de dire "presque" devant "nulle part".
Si vous voulez entrer dans le sacrement aussi par les sens, gestes, objets, symboles, auxquels ils s'adressent et qu'ils requièrent vous ne pouvez faire autrement que prendre un missel "traditionnel", lire un commentaire.
On constate que ce qui se passe à l'autel signifie le calvaire et aussi l'histoire du salut résumée.
II. le Notre Père
Saint Augustin évoque déjà le fait que les fidèles le dise à haute voix avec le célébrant, mais je ne sais plus dans quel sens : pour le déplorer ou constater que cette pratique est en vigueur localement.
Quoiqu'il en soit cette tolérance d'une récitation commune a toujours existé il semble, et là encore le fait que le célébrant doive prendre cette attitude semble coller avec l'explication donnée.
Cette attitude concerne le célébrant, dans les mystères de la liturgie : vous n'êtes pas célébrant, et à moins de dire l'Office Divin et à plusieurs, en commun, vous êtes libre d'adresser vos prières avec l'attitude corporelle qui vous inspire le plus.
III. Concernant le tutoiement.
En latin on tutoie, et dans certains groupes sociaux aussi (scouts par exemple). En soit ce n'est donc pas gênant.
Cela le devient car en français nous avons le vouvoiement ; et le tutoiement sauf exceptions est du registre familier.
Avec une amie chère d'un pays slave nous avions regardé un peu cette question et constatés que même dans les plus anciens ouvrages, dès lors qu'on s'adresse à Dieu, on a usé du vouvoiement.
Ceci dans la prière publique = liturgique, bien sûr. Chacun étant libre dans ses prières privées de faire comme cela lui chante.
Dans la crypte de la basilique de Lisieux, la mosaïque porte le Notre Père avec vouvoiement elle est pourtant postérieure aux années 1950. Rien en demandait que l'on vienne saccager des rites bimillénaires, je partage l'avis de CdF : le fait de vouloir changer est symbolique d'une volonté de rupture.
Les formules liturgiques sont l'expression du rapport de l'Eglise à son époux, rapports qui ne changent pas entre deux personnes qui ne changent pas. Aucune raison donc de changer les termes. C'est l'avantage en effet du latin.
Et quand on lit les traductions XIXeme : par exemple que l'incarnation a été pour la vierge un divin préservatif (une grâce préservatrice du péché originel) on sourit en pensant que dans peu de temps des expressions liturgiques des années 60 risquent de prendre un tout autre sens.