Comment cela a-t-il pu se faire, une canonisation étant infaillible?
Je répond en supposant que vous êtes de bonne foi,
encore qu'il serait licite d'en douter
- puisque le net donne toutes les explications voulues : c'est une question classique, tous les forum-s l'abordent.
- et que votre formulation suppose un constat de contradiction or une
attitude chrétienne suppose l'inverse : l'Eglise ne peut pas se tromper
et pas nous tromper : c'est donc plutôt un manque, un défaut de notre
part si nous avons l'impression d'une contradiction.
- le moyen de connaître la Foi et d'éclaircir ses doutes ou difficultés passe nécessairement par l'Eglise et son enseignement : catéchisme, cours, traités, etc et non pas des forum-s qui dans leur meilleur ne peuvent que renvoyer à cet enseignement.
Ce bref résumé n'a donc pas pour but d'exposer le statut de la canonisation, mais simplement de lever votre mise en cause : on remet en cause l'infaillibilité.
Si besoin je vous enverrais ou collerais ici un texte qui vous exposera cela clairement et avec détail. Mgr Gherardini a laissé un article à ce sujet qui est disponible en PdF, en italien c'est la dernière synthèse sur le sujet et par un des plus grands théologiens romains.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]En bref :
il y a deux choses à distinguer
- quelle est la valeur d'autorité d'une canonisation : infaillible, certaine, etc
- qu'est ce que l'Eglise propose dans une canonisation : quel est l'objet : est ce qu'on certifie
que tel détail de la vie du saint est authentique,
ou
que la personne est au Ciel,
ou
que tel ou tel faits de sa vie sont des exemple que l'on peut suivre,
etc.
Pour partir de votre terme "infaillibilité", bien que ce ne soit pas la meilleur manière de présenter les choses :
on distingue dans l'infaillibilité deux objets :
les dogmes proprement dit qui doivent être tenus de
foi divine ;
et les vérités / faits dogmatiques : qui sont tenus de
foi ecclésiastique : ils portent sur des réalités connexes à la Révélation, que l'on tient pour vraies de par l'autorité de la Ste Eglise et non directement de la Révélation.
Il en ainsi -i.e.
foi ecclésiastique - de la canonisation comme de la reconnaissance des apparitions (entre autres : liturgie notamment)
la Révélation étant close leur contenu ne peut être dit "révélé" dans un sens simple.
Ce sont des témoignages humains, une enquête, des constats, etc des miracles qui fondent la base matérielle sur laquelle va porter l'affirmation de "vérité".
Et vous voyez ainsi immédiatement qu'il y a des degrés :
par exemple selon le sérieux de la procédure de canonisation le résultat des faits qui vont composer la vie officielle de la personne sera plus ou moins sûr.
Ainsi on distingue celles réalisées depuis la réforme de Benoît XIV, de celles faites avant avec une procédure moins sérieuse,
autre encore sera la valeur des faits qui supportent la canonisation d'une personne qu'on a toujours tenue comme sainte mais sans qu'il y ait eu jamais d'enquêtes ou de procès.
Ainsi on a déjà pu établir que telle ou telle personne n'était pas, n'avait pas eu la vie qu'on lui prêtait officiellement, que tel détail de sa vie lui était faussement attribué.
Cela ne remet pas en cause l'infaillibilité pour autant car elle ne porte pas sur ces choses comme on va le voir.
Certains points peuvent être plus facilement sujet à des corrections que d'autres.
objection : il y a des miracles
on ne peut prouver un dogme par un miracle : c'est une proposition condamnée.
Un miracle par définition n'est pas "infaillible" (pour parler faussement)
par suite il ne peut servir pour prouver, pour donner une valeur théologique, puisque c'est l'inverse : c'est l'autorité de l'Eglise qui va donner une valeur théologique à un fait, discerner que quelque chose a une valeur théologique et dire laquelle.
mais alors sur quoi porte l'infaillibilité ?
et bien franchement c'est un sujet qui... n'est pas tranché !
Elle ne garantie pas ce qui ressort des témoignages humains : i.e. la véracité de tel fait ou date. Cela a la valeur de l'enquête. Nous l'avons vu c'est logique. Et c'est en fait ce qui est en question quand on parle de remettre en cause une canonisation : simplement faire des rectifications historiques.
L’affirmation que telle personne est au Ciel non plus n'est pas de foi. Le contraire est une proposition condamnée au Concile de Trente.
Je l'ai indiqué il s'agit de faits / vérités dogmatique, parmi lesquels on classe aussi la liturgie.
Ce qui est garantit certainement et au minimum c'est que tel modèle, telle fait, tel acte, que l'Eglise propose comme exemple, conduit à la sainteté, peut être suivit,
in fine : constitue une illustration des vertus chrétiennes vécues de façon héroïques.
Puisque cela conjoint à la finalité de l'infaillibilité : qui est de garantir la voie du salut.
Qu'ensuite cet acte, cet exemple corresponde vraiment à la personne historique, ce n'est pas la même autorité qui le garantit.
Voilà en gros et pour faire bref
Pour un cas concret
si on montrait que St Machin que l'on révère depuis les premiers siècles était en fait un mixte de deux personnes différentes qu'on a confondu, cela ne changerait rien à la valeur d'exemplarité de St Machin. Si Machin avait fait cela il serait saint.
Machin n'a pas fait cela , peut être est il quand même saint de toute façon.
Les prières adressées à St Machin auraient toujours la même valeur, car elles sont adressées à Dieu, par le St Esprit qui est dans nos âmes, avec la valeur que leur donne l'Eglise.
Penser le contraire serait comme à propos des reliques : il ne faut pas penser que les anciens étaient stupides et pensaient avoir vraiment le crâne de St Jean Baptiste enfant, ou la plume de l'aile de st Michel ou le tendon de l'âne de la fuite en Egypte.
Pas plus que nous ne tenons pas une statue pour la personne qu'elle représente, une médaille de saint pour le saint lui même.
Ceci dit il y a peu d'erreurs
- dans les saints promu dans temps anciens du fait que les canonisations, la reconnaissance liturgique suivait des constats de miracles, de faits extraordinaires, éclatants ;
- dans les saint promus dans les temps modernes du fait du sérieux des enquêtes, de la facilité des témoignages, etc ... dès lors que l'on respecte la procédure bien sûr.
Dernière édition par tournicoti-tournicoton le Jeu 23 Fév - 17:24, édité 1 fois (Raison : correction de coquille)