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Une télévision néo-zélandaise a interviewé
un bioéthicien en tournée donner une série de conférences sur les
nouvelles possibilités de tri génétique des embryons et des enfants à
naître. Le Pr Robert Klitzman, fondateur du Columbia University Centre
for Bioethics, pose de nombreuses questions sur les nouveaux moyens de
dépister de nombreuses caractéristiques de l'enfant à naître – défauts
génétiques, prédisposition au cancer ou à Alzheimer, traits physiques –
qui deviennent de plus en plus étendus et de plus en plus aisés à mettre
en œuvre, et aussi moins onéreux.
La question se posera de plus en plus, à des « millions de parents »,
dit-il, de savoir s'ils veulent garder un enfant dont on saura dès la
gestation qu'il est atteint d'une maladie quelconque, par exemple une
maladie dont souffre l'un des parents, confronté dès lors à une question
difficile : s'il décide d'éliminer l'enfant, qu'est-il en train de dire
sur lui-même et sur sa propre vie ?
Le tri préimplantatoire prend lui aussi de l'ampleur, comme nous le
savons déjà en France, où la recherche sur la lutte contre la myopathie
consiste largement à favoriser l'élimination d'embryons atteints pour
n'implanter que des enfants sains…
Avec les milliers de nouvelles conditions dépistables, on va évidemment
vers un tri accru, et même, probablement, vers une commercialisation
accrue de ces procédés : les riches, demande le Pr Klitzman, seront-ils
avantagés par la possibilité de « mieux » choisir leur enfant que les
pauvres ?
Pourra-t-on choisir un embryon présentant telle mutation plutôt que telle autre ?
Que dire de la situation aux Etats-Unis, la Russie et l'Inde, les seuls
pays au monde où l'on peut aujourd'hui légalement acheter des ovules ou
du sperme pour des fécondations artificielles ?
Dans son interview à la TVNZ, le Pr Klitzman ne fait que plaider pour le
débat, n'apportant pas de réponses et encore moins de jugements sur le
plan moral : interrogé sur le fait de savoir où il fallait fixer la
limite, il a répondu qu'il s'agit d'« engager ces discussions et de
penser au type d'homme que nous voulons ».
Sa réponse dit plusieurs choses : un, il n'y a pas de règle morale
préétablie dictant une conduite conforme à la dignité de l'homme ; deux,
l'éthique que l'on devrait s'imposer sur ce plan ne résultera que du
débat et d'un choix pris collectivement (à la majorité politique ou à la
faveur des avis des bioéthiciens, sans doute) ; trois, même ce débat
essentiellement relativiste n'a pas lieu aujourd'hui, puisque Klitzman
ne fait que plaider pour qu'il ait lieu.
Au cours de son interview, Robert Klitzman a affirmé : « Nous trouverons
peut-être des tests permettant de dépister l'homosexualité. » Ce qui
ouvrirait la route à la possibilité de choisir d'avoir un « enfant gay
»… ou non.
Comme si l'homosexualité était nécessairement inscrite dans les gènes ou acquise in utero…
Cette thèse de l'homosexualité innée est le plus souvent brandie pour
affirmer que ce n'est ni une déviance, ni une condition liée à des
raisons psychanalytiques, ni une affection née du contexte du l'enfance –
rapport avec le père ou la mère, abus sexuels, etc… Elle est aussi à
l'origine de l'idée qu'on ne « soigne » pas l'homosexualité et que le
simple fait de proposer d'en « guérir » est déjà de l'homophobie – comme
l'est alors, forcément, tout discours affirmant que le comportement
homosexuel est un mal ou un péché. (Voir par exemple cet article du Monde. Il rappelait en 2010 – pour s'en démarquer discrètement – « la ligne du Vatican » : «
“On ne naît pas homosexuel, mais on le devient. Pour différentes
raisons, des questions d'éducation, parce qu'on n'a pas développé sa
propre identité au cours de l'adolescence”, a ainsi affirmé en décembre
le cardinal Javier Lozano Barragan, ancien ministre de la santé du pape.
»
Une télévision néo-zélandaise a interviewé
un bioéthicien en tournée donner une série de conférences sur les
nouvelles possibilités de tri génétique des embryons et des enfants à
naître. Le Pr Robert Klitzman, fondateur du Columbia University Centre
for Bioethics, pose de nombreuses questions sur les nouveaux moyens de
dépister de nombreuses caractéristiques de l'enfant à naître – défauts
génétiques, prédisposition au cancer ou à Alzheimer, traits physiques –
qui deviennent de plus en plus étendus et de plus en plus aisés à mettre
en œuvre, et aussi moins onéreux.
La question se posera de plus en plus, à des « millions de parents »,
dit-il, de savoir s'ils veulent garder un enfant dont on saura dès la
gestation qu'il est atteint d'une maladie quelconque, par exemple une
maladie dont souffre l'un des parents, confronté dès lors à une question
difficile : s'il décide d'éliminer l'enfant, qu'est-il en train de dire
sur lui-même et sur sa propre vie ?
Le tri préimplantatoire prend lui aussi de l'ampleur, comme nous le
savons déjà en France, où la recherche sur la lutte contre la myopathie
consiste largement à favoriser l'élimination d'embryons atteints pour
n'implanter que des enfants sains…
Avec les milliers de nouvelles conditions dépistables, on va évidemment
vers un tri accru, et même, probablement, vers une commercialisation
accrue de ces procédés : les riches, demande le Pr Klitzman, seront-ils
avantagés par la possibilité de « mieux » choisir leur enfant que les
pauvres ?
Pourra-t-on choisir un embryon présentant telle mutation plutôt que telle autre ?
Que dire de la situation aux Etats-Unis, la Russie et l'Inde, les seuls
pays au monde où l'on peut aujourd'hui légalement acheter des ovules ou
du sperme pour des fécondations artificielles ?
Dans son interview à la TVNZ, le Pr Klitzman ne fait que plaider pour le
débat, n'apportant pas de réponses et encore moins de jugements sur le
plan moral : interrogé sur le fait de savoir où il fallait fixer la
limite, il a répondu qu'il s'agit d'« engager ces discussions et de
penser au type d'homme que nous voulons ».
Sa réponse dit plusieurs choses : un, il n'y a pas de règle morale
préétablie dictant une conduite conforme à la dignité de l'homme ; deux,
l'éthique que l'on devrait s'imposer sur ce plan ne résultera que du
débat et d'un choix pris collectivement (à la majorité politique ou à la
faveur des avis des bioéthiciens, sans doute) ; trois, même ce débat
essentiellement relativiste n'a pas lieu aujourd'hui, puisque Klitzman
ne fait que plaider pour qu'il ait lieu.
Au cours de son interview, Robert Klitzman a affirmé : « Nous trouverons
peut-être des tests permettant de dépister l'homosexualité. » Ce qui
ouvrirait la route à la possibilité de choisir d'avoir un « enfant gay
»… ou non.
Comme si l'homosexualité était nécessairement inscrite dans les gènes ou acquise in utero…
Cette thèse de l'homosexualité innée est le plus souvent brandie pour
affirmer que ce n'est ni une déviance, ni une condition liée à des
raisons psychanalytiques, ni une affection née du contexte du l'enfance –
rapport avec le père ou la mère, abus sexuels, etc… Elle est aussi à
l'origine de l'idée qu'on ne « soigne » pas l'homosexualité et que le
simple fait de proposer d'en « guérir » est déjà de l'homophobie – comme
l'est alors, forcément, tout discours affirmant que le comportement
homosexuel est un mal ou un péché. (Voir par exemple cet article du Monde. Il rappelait en 2010 – pour s'en démarquer discrètement – « la ligne du Vatican » : «
“On ne naît pas homosexuel, mais on le devient. Pour différentes
raisons, des questions d'éducation, parce qu'on n'a pas développé sa
propre identité au cours de l'adolescence”, a ainsi affirmé en décembre
le cardinal Javier Lozano Barragan, ancien ministre de la santé du pape.
»